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Le resurfaçage de la hanche désormais opéré à Béziers !

Il est toujours impressionnant d’assister en direct à une opération chirurgicale quelle qu’elle soit. L’ambiance dans le bloc, les bruits, les odeurs, le sang sont monnaie courante pour les chirurgiens et les soignants. Quand on passe juste de temps en temps, en tant qu’observateur, c’est passionnant mais quand même un poil traumatisant. En gros, on ne lâchera pas notre place d’observateur.

Dernièrement, la clinique Champeau de Béziers a obtenu un agrément pour que son chirurgien orthopédique puisse pratiquer cette technique ancienne, qui reprend les devants de la scène chirurgicale en France, afin de régler les maux de la hanche. Désormais, il est possible pour un sportif, même de très haut niveau et qui pratiquerait des sports de contact, d’éviter la traditionnelle prothèse de hanche avec les complications idoines et les inconvénients liés à la limitation des mouvements de grande amplitude et au risque de luxation.

Docteur Clément Granier avant d'effectuer un arthroscopie du genou
Le docteur Clément Granier (à gauche), ici avant de réaliser une arthroscopie sur un patient, a obtenu l’agrément pour le resurfaçage de la hanche. Photo : Gaëlle Garcia.

Le resurfaçage offre une mobilité totale et équivalente à la hanche naturelle. C’est pour cela que toutes les personnes en dessous de 65 ans et sans véritables problèmes osseux peuvent profiter de cette nouvelle prothèse remise au goût du jour.

Le professeur Julien Girard, le seul en France à accorder l’agrément pour la pratique du resurfaçage de hanche s’est déplacé de Lille pour délivrer, lors d’une intervention, l’habilitation à un chirurgien (le dr Clément Granier) de la clinique Champeau. C’est un homme de 65 ans, très sportif et très actif qui a bénéficié de cette intervention. Concrètement, la patient n’a plus le col du fémur sectionné lors de l’intervention et ne se voit pas implanter une énorme prothèse dans le fémur. C’est pour cela que cette pratique doit être réservée à quelques chirurgiens maîtrisant la technique opératoire spécifique à cet implant ainsi que le parfait positionnement de celui-ci.

“Grâce à cette technique, j’ai opéré des danseuses du Crazy Horse (…) Avec la prothèse classique, il y a parfois des déboîtements. Là, non.”

Professeur Julien Girard

Pour pratiquer l’opération, il faut le dire tout de go, on sort carrément la caisse à outils. Marteau, ciseaux, perceuse, fraiseuse, pas la truelle mais presque et au bout de 40 minutes, la jambe du patient a retrouvé toute sa mobilité sans aucune restriction de mouvement. Pourtant, durant l’opération, cette jambe a été soumise à des forces insoupçonnées.

Au millimètre près

Comme le patient est jeune et en forme physique, le travail pour poser des prothèses est difficile. L’os est dense. Alors le chirurgien force, perce, fraise. Avec le recul, on a le sentiment qu’un menuisier est en train de tourner un bout de bois pour le façonner et préparer, entre la hanche et le fémur, un tenon et une mortaise qui ne se décrocheront plus. Les copeaux d’os “sautent de part et d’autre”. Et cela surprend. Enfin, pas les chirurgiens. “Il faut que l’os saigne car il est vivant, confirme le professeur Girard. Ce saignement fera que la prothèse sera mieux intégrée et plus solide. Elle adhérera parfaitement à l’os. Grâce à cette technique, j’ai opéré des danseuses du Crazy Horse. Elles lèvent la jambe comme avant lors de leur revue. Avec la prothèse classique, c’est impossible car il y a parfois des déboîtements de la hanche. Là, non.”

Pendant ce temps de discussion, toutes les parties endommagées sont retirées et la pose des implants peut commencer. La cupule de la hanche est positionnée et fixée… à coups de marteau. C’est impressionnant, mais c’est la seule technique possible car le refaçonnage est pratique au millimètre près et il faut que la nouvelle cupule entre en force. Puis la tête fémorale est positionnée et fixée à son tour avec un ciment spécifique qui colle quasi instantanément.

Deux ou trois bons coups de masse bien placés et la hanche et remise en place. Le patient sera sur ses jambes le soir même, et restera hospitalisé un ou deux jours.

Texte : Jean-Pierre Amarger // Midi Libre lundi 15 juin 2020